Sortie de crise

 

Avant de jeter les bases d’une économie du futur, il convient en préalable de sortir de la Grande Crise dans laquelle les graves défaillances du système bancaire nous ont précipités, d'abord avec l’affaire des « subprimes », puis avec les dettes souveraines.

Les tentatives visant à renforcer le contrôle du système monétaire sont vouées à l'échec tout d'abord en raison de sa complexité mal maîtrisée par nos hommes politiques, et puis parce que trop d'intérêts sont en jeu. Il n’est que de voir les difficultés soulevées lors des accords de Bâle III pour l’aménagement du ratio de solvabilité des banques qui n’ont abouti qu’à des demi-mesures étalées de 2013 à 2018 !

La corporation bancaire refuse tout changement qui pourrait mettre à contribution leurs actionnaires, car il ne saurait être question de porter atteinte au rendement financier des investisseurs. Et, nos banquiers centraux ont montré de quel côté ils portent leur intérêt.

Rien n’est possible sans un bouleversement complet des systèmes, des méthodes et des mentalités. Rien n’est possible avant de s’être débarrassé des théories archaïques qui encombrent nos esprits et des dogmes établis qui enfoncent nos peuples dans la misère et le malheur.

Comme tout le monde le pressent, la cause profonde du mal qui nous envahit est d'ordre monétaire, précipité par la crise bancaire. La monnaie émise ne circule pas du tout comme on le croit et fait cruellement défaut dans la sphère réelle de production, tandis que la sphère monétaire et financière en regorge.

Comme on l’a vu, la loi macroéconomique démontre que l'épargne joue le rôle du frein, tandis que le crédit joue celui de l'accélérateur, aussi quand le PIB enregistre une croissance négative, c'est que la sphère réelle manque de monnaie, et inversement.

On a montré également que la conjoncture n'est rien d'autre qu'une économie livrée à l'influence désordonnée, parce que non régulée, des facteurs endogènes opposés que sont l'épargne et le crédit. L'épargne est facteur de ralentissement parce que l'épargne bancaire est une épargne morte. Elle ne circule pas ; elle occupe des parkings monétaires sans utilité pour l'économie.

Le système actuel nous mène lentement mais sûrement à notre perte, avec une accélération due à la crise, car il repose pour fonctionner sur une progression constante du recours au crédit, d'abord pour neutraliser les effets négatifs de l'épargne bancaire, ensuite pour rembourser les emprunts antérieurs. Ainsi, nous acheminons-nous progressivement vers une économie comparable à celle du Japon d'aujourd'hui, anémiée depuis près de 20 ans malgré sa puissance industrielle. Rappelons que le Japon a l'un des taux d'épargne parmi les plus forts au monde.

Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une économie d’endettement et que si tous les crédits accordés par le système bancaire étaient remboursés, il ne resterait plus de monnaie pour pratiquer nos échanges commerciaux.

Si l'on veut sortir de cette impasse, il est vital d'émettre de la monnaie dite permanente, c'est-à-dire sans intérêt, ni échéance de remboursement. Si l'on veut diriger l'allure de marche de l'activité nationale vers la croissance et l'amélioration du pouvoir d'achat de nos populations laborieuses, la régulation monétaire est l'unique moyen d'y parvenir et seul l'Etat est apte à en assumer la fonction.

Voici à présent, tout d'abord résumées et ensuite détaillées, les solutions politiques et techniques d'urgence absolue que l'on peut préconiser :

-   replacement de la Banque centrale sous l'autorité de l'Etat, et en Europe dénonciation des accords de Maastricht qui nous ont imposés des critères, pour le moins arbitraires, exclusivement bâtis sur le spectre de l'inflation ; il y a bien longtemps que la masse monétaire n'a plus d'effet sur les prix, ne serait-ce qu'en raison de l'épargne morte,

-   moyens financiers de la relance de l'économie nationale à partir de concours monétaires attribués à l'Etat, sans intérêt ni échéance de remboursement, sur décision du Parlement,

-   relance ciblée privilégiant, dans l'ordre, le pouvoir d'achat des ménages à commencer par les plus démunis, les dépenses de fonctionnement et d'investissement dans tous les secteurs de l'Etat chaque fois qu'elles font défaut (et il n'y a que l'embarras du choix),

-   organisation des échanges commerciaux avec l'étranger, afin d'obtenir impérativement l'équilibre monétaire : import = export, exception faite cependant pour les produits pétroliers en attendant qu'aboutissent la recherche et la mise au point de nouvelles énergies dopées par un financement prioritaire,

-   dispositions spéciales pour éviter les dérives inflationnistes dues au comportement des agents qui décident des augmentations de prix à leur seul profit,

Et en même temps, les solutions techniques de 2ème urgence et d'ordre public :

-  réforme du système monétaire national et, si possible, international : réforme du ratio de solvabilité des banques, couverture du risque d'insolvabilité par la Banque centrale, taux fixe d'intérêt en attendant l'indexation des prêts et emprunts sur un indice d'érosion monétaire approprié, toutes mesures destinées à consolider le système bancaire et à favoriser la distribution du crédit,

-   assainissement des relations interbancaires,

-   proposition de réforme du système de change international,

-   dispositions générales contre la spéculation.

De nouvelles règles du jeu doivent être fixées, pour que l'Etat puisse :

-  non seulement faire face à ses dépenses courantes et d'investissements,

-   mais aussi et surtout pratiquer la régulation monétaire afin d'atteindre l'objectif de croissance qu'il aura préalablement fixé en application de la loi macroéconomique.

La gouvernance d'un pays ne doit plus être affaire de fiscalité, mais d'abord de monnaie et de financement public adapté aux besoins.

 

1 – Solutions politiques et techniques d'urgence absolue

1.1 – Libération de la monnaie et attribution du pouvoir monétaire au peuple

La première démarche qui sous-tend toutes les autres est de crever l'abcès monétaire. Le moment est venu de libérer la monnaie de ses dogmes, de ses tabous et de ses carcans. Le moment est venu de rendre le pouvoir monétaire au peuple, c'est-à-dire à ses élus. La monnaie peut et doit être le moyen démocratique d'accès au bien-être pour tous.

Cela signifie clairement qu'en Europe les accords de Maastricht, exclusivement bâtis sur le spectre de l'inflation, doivent être purement et simplement dénoncés et que dans tous les pays la Banque centrale doit être replacée sous la dépendance de l'Etat qu'elle n'aurait jamais dû quitter. Les banques centrales viennent de nous administrer la preuve de leur incapacité à maîtriser le système qu'elles ont elles-mêmes construit et dont elles se réclament de la responsabilité suprême. Elles ont gravement failli à leur mission et manqué à tous leurs devoirs.

Cette mesure est en outre destinée à mettre un terme définitif aux agissements des puissances monétaires qui nous gouvernent, lesquelles pour masquer leur incompétence ont réussi à inoculer dans le corps économique tout entier la maladie du syndrome de l'inflation. Il est urgent de soigner et de guérir ce syndrome ; il a fait assez de ravages dans le monde entier.

Dès lors, L'Etat prend en charge la politique monétaire du pays, avec tout ce que cela comporte, et notamment en matière de maîtrise monétaire et de hausse des prix.

1.2 – Relance de l'économie nationale

C'est la deuxième démarche. Les besoins les plus immédiats pour faire repartir l'économie française peuvent être estimés grossièrement entre 200 et 500 milliards d'euros, graduellement cela va de soi sur 1 ou 2 ans. Il appartient à chaque pays de fixer les sommes considérables dont il a besoin.  Non pas au moyen de nouveaux emprunts, car il faut en finir avec la cavalerie des emprunts d'Etat, mais à l'aide de concours à l'économie mis à la disposition du gouvernement par la Banque centrale sur décision de l'Assemblée Nationale. Sur la base d'un plan de redressement dûment motivé, bien sûr. Ces concours à l'économie seraient accordés sans intérêt ni échéance de remboursement. Cela s'appelle de la monnaie permanente, par opposition à la monnaie d'endettement. Les avantages d'une telle mesure tombent sous le sens : terminés les intérêts d'emprunts d'Etat qui n'en finissent pas de grever le budget de la Nation et le portefeuille des contribuables, terminée aussi la menace des marchés et des agences de notation sur les budgets publics.

a) cible de la relance

La relance keynésienne s'opère ordinairement en injectant des fonds dans de grands travaux. Cette mesure semble non seulement lente, mais aussi inappropriée. Il faut donner en priorité du pouvoir d'achat aux petits revenus, pour relancer la machine.

Voici ce que l'on peut entreprendre de toute urgence, pour sauver l'économie nationale. Et, tous les pays sont invités à faire de même en adaptant les mesures au cas par cas :

-   relever sensiblement le salaire des fonctionnaires, surtout les plus bas, sachant que ce sont les petits revenus qui ont la plus grande propension à consommer et la plus faible à épargner, et relever bien sûr les aides sociales aux plus démunis, avec la création par exemple d'un revenu minimum d'existence du citoyen, en supprimant les aides diverses qui ont proliféré de manière anarchique,

-   engager les dépenses les plus urgentes en matière de services publics (recherche, enseignement, santé, justice, sécurité, environnement, etc.) tant en ce qui concerne les frais de fonctionnement et les investissements que l'entretien (trop longtemps négligé) des bâtiments, matériels et installations ; le champ d'application de la mesure est immense et on n'a que l'embarras du choix,

-   relever le salaire minimum (Smic en France), au fur et à mesure mais pas avant que l'activité du secteur privé, dopé par les dispositions prises au-dessus, alimente le pouvoir d'achat de l'ensemble de la population et que l'on assiste enfin à la décrue effective du chômage.

Ainsi, la monnaie déversée au départ par le secteur public va doper l'activité privée de production, c'est-à-dire la consommation et l'investissement, amorçant ainsi le processus de croissance (positive, évidemment) jusqu'à retrouver la spirale expansionniste que la France a connue naguère pendant les trente glorieuses, comme le Japon des années 60 à 90.

b) maîtrise de l'inflation des prix à la consommation, dont les loyers

Il est bien évident qu'avec la relance les risques d'inflation des prix augmentent et des mesures devront être prises pour les limiter (engagement par les entreprises de modération des prix, par exemple) avec pour ultime recours le blocage général ou partiel des prix, en attendant la mise au point et en place de la régulation des revenus par les prix.

Il faut bien comprendre que ce sont ceux qui fixent les prix, qui les augmentent pour en tirer profit, c'est-à-dire pour améliorer leur pouvoir d'achat au détriment de la classe laborieuse qui n'en peut mais. La quantité de monnaie n'est pas la cause des hausses de prix, excepté en période de pénurie généralisée quand les moyens de production sont incapables de satisfaire une demande dotée de moyens financiers trop conséquents.

Si par le passé, les expériences faites dans le domaine de la relance ont pour la plupart échoué, c'est que le blocage des prix s'est toujours accompagné de sévères restrictions monétaires, tellement persuadés que nous étions de la trop grande quantité de monnaie en circulation (ce qui est faux).

Ici, la différence est capitale qui privilégie l'abondance monétaire à destination exclusive de la sphère réelle.

c) organisation des échanges internationaux

La relance doit être impérativement accompagnée d'une maîtrise parfaite des échanges extérieurs, car on ne saurait tolérer que le pouvoir d'achat ainsi avancé, file à l'étranger. Le cas de la Chine est significatif à cet égard.

Tous les pays étant logés à la même enseigne, les solutions qui suivent paraissent s'imposer à tous. Rappelons qu'en matière d'échanges internationaux, il existe une règle fondamentale :

Quand il y a un exportateur dans un pays, il y a un importateur dans un autre pays, et comme la valeur de l'échange est la même pour les deux parties, il est évident qu'à l'échelle de la planète, les exportations sont égales par définition aux importations.

Ce qui signifie qu'il n'existe d'autre croissance qu'intérieure. La croissance d'un pays repose donc essentiellement sur son activité domestique : consommation et investissement. Cette règle est universelle. Elle est la même pour tous les pays.

Il est vain de croire que tout le monde peut exporter sans limite, ce qui n'empêche pas les gouvernements de tous les pays d'encourager leurs entreprises à exporter. Mais il apparaît de plus en plus clairement que les multinationales font leurs profits sur le dos des populations nationales, dans un environnement de guerre économicide.

Si l'on veut mettre un terme au chômage et à la misère humaine, chaque pays doit se consacrer au développement de son économie nationale, pas à celle de ses voisins, et enfin priorité des priorités donner du travail à ses salariés. Chaque pays dispose avec sa monnaie des moyens amplement suffisants pour développer sa propre économie.

Deux alternatives s'offrent à chacun de nous : les pays avec lesquels nous pratiquons des échanges (qui ont intérêt eux aussi à développer leurs activités domestiques, comme nous le ferions),

- acceptent de passer des accords bilatéraux ou multilatéraux afin que l'équilibre des échanges commerciaux entre pays soit garanti, éventuellement sous l'égide d'un organisme tel que l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), tout indiqué pour cela,

- n'acceptent pas (ce qui paraît bien improbable) et des quotas leur sont fixés d'autorité.

Des échanges équilibrés, cela signifie aussi et surtout le retour à l'indépendance financière vis-à-vis de l'extérieur. Aucun pays n'a besoin de concours étrangers, excepté s'il a une balance commerciale déficitaire. Et, si tout le monde s'accorde sur ces dispositions, il n'y a plus de balance commerciale déficitaire ! Et son cortège de problèmes spécifiques, notamment et surtout ses effets de frein sur l'appareil de production.

Il existe toutefois une pierre d'achoppement de taille à ces dispositions : ce sont les produits pétroliers et ils doivent faire l'objet d'un traitement particulier, vital pour l'économie de chaque pays. Aussi, est-il vivement conseillé que tous les pays importateurs  subventionnent et financent sans aucune limite : la recherche, la mise au point et la production de nouvelles énergies, en contrôlant naturellement l'utilisation des fonds alloués.

Tous les moyens humains et financiers doivent être employés pour se libérer de la dépendance pétrolière. Et puis, c'est une question vitale à terme (3 ou 4 générations) quand ces ressources seront totalement épuisées.

 

2 – Solutions techniques parallèles de 2ème urgence

2.1 – Système monétaire national

Pour être complètement efficaces, les dispositions énoncées au-dessus doivent s'accompagner en priorité d'une réforme en profondeur du système monétaire national de chaque pays tout en réservant une place privilégiée à la distribution du crédit par les banques. Des réformes techniques concernant les relations interbancaires viendraient compléter ce dispositif comme il est dit au 2.2 ci-dessous.

On peut tout d'abord répartir la distribution des concours à l'économie selon les règles suivantes :

- la banque centrale fournit exclusivement les besoins de l'Etat (non couverts par l'impôt) ainsi que les moyens dont celui-ci doit disposer pour opérer la régulation monétaire de l'économie, sans intérêt ni échéance de remboursement comme il est dit plus haut,

- les banques de dépôts, créatrices de monnaie, fournissent les besoins financiers des entreprises privées et des établissements de crédit non créateurs de monnaie, les risques d'insolvabilité étant couverts dans des conditions examinées ci-après.

L'Etat doit commencer par réviser la réglementation bancaire en donnant la priorité à la réforme du ratio de solvabilité des banques et autres établissements de crédit, appelé aussi ratio Cooke, modifié Bâle II et III, qui est à l'origine des défaillances du système.

Les paramètres de ce ratio, doivent être profondément remaniés. Les concours à l'économie doivent être éliminés de ces paramètres, pour ne viser que les seules opérations pour propre compte. Et les engagements des banques, y compris et surtout des banques d'affaires, ne doivent plus excéder que 2 à 3 fois maximum leurs fonds propres, contre aujourd'hui 12,5 fois, tout mélangé ! On pourrait dire que la réglementation a été faite à la mesure de leur cupidité et de leurs activités débordantes !

Les concours à l'économie sont encadrés par la couverture du risque d'insolvabilité, à partager entre la Banque centrale d'une part, et les banques et autres établissements de crédit d'autre part, dans le rapport de 90/10 par exemple, les obligeant ainsi toutes et tous à prendre leurs responsabilités, contre rémunération naturellement. Etant précisé que la Banque centrale donne son accord préalable à l'attribution des crédits, puisque c'est elle qui prend la plus grande part des risques.

Sauf erreur, elle dispose déjà des informations les plus courantes, sûrement en ce qui concerne les établissements de crédit et les entreprises. La couverture du risque d'insolvabilité peut s'opérer individuellement en ce qui concerne les établissements de crédit et les grandes entreprises et par une évaluation globale des risques pour les autres comme le font toutes les compagnies d'assurances.

Le gouvernement, en charge de la politique monétaire, détermine provisoirement un taux d'intérêt fixe pour une période de 1 an minimum, par exemple. Dans le même temps, les banques et établissements de crédit font payer leurs services, tous leurs services, ceci afin de préparer la réforme monétaire et la disparition progressive des taux d'intérêt. Actuellement, si l'on supprimait brutalement leurs produits et leurs charges d'intérêt, les banques seraient déficitaires car leurs charges d'exploitation ne seraient plus alors entièrement couvertes par les produits d’exploitation.

Afin de faciliter le recours au crédit, il serait bon que l'intérêt des prêts et emprunts soit supprimé et remplacé par l'indexation à un indice approprié : celui de l'érosion monétaire, indice calculé par un Institut de statistiques indépendant. En définitive, l'emprunteur aurait à sa charge le coût de la couverture du risque d'insolvabilité, d'une part, et la rémunération effective des services rendus (gestion des dossiers et autres), d'autre part, au bénéfice de l'établissement prêteur. L'avantage d'un tel système réside dans le fait que l'emprunteur est autorisé à suspendre, à faible coût, les échéances de remboursement en cas de difficultés passagères.

Les ménages trouvent là le moyen démocratique d'accession à la propriété, avec éventuellement l'aide de l'Etat dans certaines circonstances. Celui-ci peut en effet piloter ou faire piloter de vastes programmes de logements, en procédant par exemple à des expropriations de vastes terrains en zone périphérique de grandes villes ou ailleurs, afin de donner en location par bail emphytéotique les terrains une fois construits. Tous les terrains constructibles sur le territoire national devraient appartenir à l'Etat au terme d'un très lent processus de réappropriation.

Ces conditions devraient favoriser ainsi l'accès au logement pour tous.

N'ayant plus matière à s'exercer, la spéculation sur les variations de taux d'intérêt disparaît. Pas de taux d'intérêt variables = pas de spéculation.

2.2 – Relations interbancaires

Les recommandations d'ordre technique qui suivent, s'appliquent à chaque banque centrale nationale dans l'exercice de ses responsabilités, pleines et entières, du système bancaire.

La première mesure consiste à obliger la Banque centrale à exercer son rôle de Super-banque à la sortie de la compensation et de ne plus se borner à servir de simple chambre d'enregistrement comptable des opérations. Elle doit se substituer aux marchés de gré à gré et interbancaires, supprimés pour la circonstance.

A la sortie de la compensation, ainsi qu’on l’a vu, les positions débitrices sont égales aux positions créditrices, en l'occurrence l'offre est égale à la demande. Les banques ne règleraient plus leurs positions les unes vis-à-vis des autres comme c'est le cas actuellement, mais vis-à-vis de l'autorité monétaire. L'Institut d'émission porterait les positions des unes et des autres à un compte spécifique indisponible ouvert au nom de chacune d'elles, et fixerait un taux d'intérêt au jour le jour, en attendant la suppression des taux et son remplacement par une commission d'intervention. Les positions journalières s'accumulant, ces comptes spécifiques varient quotidiennement dans l'équilibre comptable : débit = crédit. La Super-banque fixerait les découverts maxima autorisés jusqu'à la mise en place de la couverture du risque d'insolvabilité visé au-dessus.

Les banques doivent avoir pour interdiction absolue de "faire passer" par la compensation leurs opérations pour propre compte. Les banques ne doivent plus tirer sur elles-mêmes, mais utiliser un compte de dépôt à vue ouvert à la Banque centrale pour encaisser ou payer, soumis aux mêmes règles que tout un chacun, c'est-à-dire approvisionné ou sur la base de lignes de crédit dûment autorisées par elle. Avec toutefois une exception, pour des raisons pratiques : le règlement des salaires de leur personnel et l'encaissement des intérêts et agios de leurs clients, tous titulaires de comptes ouverts chez chacune d'elles.

-   mesure d'ordre : la banque centrale ne fait que son travail, et

-   mesure d'assainissement : les titres remis en garantie n'ont plus lieu d'exister puisque les risques d'insolvabilité sont couverts, et les banques sont mieux encadrées.

Cela nous donnerait en substance, deux courants monétaires traversant les banques de dépôts (créatrices de monnaie) : les concours aux agents non bancaires, contrôlés par le pouvoir monétaire et garantis par l'assurance du risque d'insolvabilité, d'une part, et les opérations pour propre compte, doublement encadrées : une première fois par le ratio de solvabilité et une deuxième fois par le contrôle de l'utilisation des crédits consentis aux banques par la Banque centrale, d'autre part. Le système étant ainsi verrouillé.

Le dispositif des réserves obligatoires est aboli. La monnaie scripturale centrale ne sert qu'aux échanges entre les titulaires d'un compte à la Banque centrale, comme c'est le cas actuellement mais sous son contrôle effectif.

 

3 – Relations monétaires internationales

Il serait bon que les pays en présence s'entendent pour mettre en place un système de changes flexible et réaliste concourant aux équilibres des échanges. Les cours des monnaies ne seraient plus fixées par les marchés, mais par les parités de pouvoir d'achat (PPA), calculées et modifiées une fois l'an par des Instituts de Statistiques Internationaux indépendants.

N'ayant plus matière à s'exercer, la spéculation sur les variations de cours disparaît. Pas de cours variables = pas de spéculation.

En Europe se pose la question de savoir si l'on doit remettre en service ou non les monnaies nationales.

On pourrait prévoir la remise en service des monnaies nationales dans la zone Euro, selon les règles spécifiques suivantes :

- les Etats membres s'obligent à utiliser une seule et unique monnaie (l'euro) dans leurs échanges intra-communautaires et dans leurs relations avec le reste du monde ; leur monnaie nationale n'a pas cours sur les marchés des changes,

- la Banque Centrale Européenne fixe le cours des changes de chaque monnaie contre monnaie unique sur la base d'une parité de pouvoir d'achat (PPA) calculée comme il est dit au-dessus selon l'évolution combinée des taux d'inflation et de pouvoir d'achat de chacun des pays de la zone. Les parités seraient certifiées par un cabinet d'experts tel que Price Waterhouse ou KPMG,

- les marchés monétaires domestiques sont strictement réservés aux nationaux.

Supposons par exemple que la parité de pouvoir d'achat (PPA) de la Drachme soit de 80  pour une PPA de 100, le Deutsche mark allemand servant de base (1 euro = 1 DM). Dans ces conditions, la Grèce pour ses importations devrait se procurer les euros au cours de 100/80 = soit 125 drachmes pour 100 euros et inversement percevrait 125 drachmes pour 100 euros exportés. On obtiendrait ainsi de fait une dévaluation de la Drachme, pour ne citer que la Grèce, avec pour conséquence un rétablissement de sa balance commerciale : des importations plus coûteuses, donc réduites, et des exportations facilitées, donc plus fortes. Le tourisme s'en trouverait également dopé.

Par ce moyen, on rétablirait l'équilibre naturel des échanges entre pays de la zone dont les économies seraient rendues plus homogènes du seul fait de la réduction des disparités de pouvoir d'achat.

Si l'on en croit l'OCDE, la France aurait eu en 2010 un pouvoir d'achat supérieur à celui de l'Allemagne d'environ 7 %, soit 100/107 = 93 francs pour 100 euros.

Enfin, le jour où les parités de pouvoir d'achat de certains pays seraient très proches de 1, leur monnaie nationale pourrait être abandonnée pour retrouver l'euro.

On peut ainsi espérer qu'à terme tous les pays d'Europe réussiront à s'aligner sur l'ensemble par leur PPA.

Une consultation référendaire serait le moyen démocratique le moins discutable pour mettre un terme net et rapide aux débats.

 

4 – Autres dispositions

Afin de stopper définitivement les dérives spéculatives du système bancaire, il est particulièrement recommandé de voter de nouvelles dispositions de loi visant à interdire :

-   les opérations de spéculation sur les matières premières et produits alimentaires, dont les cours relèvent à présent de la régulation monétaire et de la régulation des prix par l'Etat,

-   les ventes dites à découvert,

-   les opérations de titrisation.

Ces dispositions devraient être intégrées dans la Constitution de chaque pays.

 

5 – Conclusions

Cette réforme a pour but prioritaire de sortir de la crise, mais aussi et surtout d'ouvrir une nouvelle ère d'essor et de prospérité durable pour l'humanité, avec la disparition enfin possible du chômage et de la pauvreté à moyen terme.

Si elle s'attache à réprimer les abus du capitalisme, qui sont à l'origine de la crise, c'est parce que le capitalisme tel qu'il se comporte aujourd'hui constitue un obstacle infranchissable à l'éradication de nos 2 fléaux : le chômage et la misère. Ces abus sont favorisés par des banques centrales qui ont choisi de servir les intérêts de la corporation au détriment de l'intérêt public.

En rétablissant l'ordre monétaire, cette réforme aura pour résultats :

                a) d'écarter le risque systémique du système bancaire,

                b) de porter un coup d'arrêt définitif à la spéculation financière sur les matières premières, les devises et les intérêts,

                c) d'abaisser de manière substantielle la pression fiscale sur les contribuables, par une gouvernance économique effective et efficace s'appuyant sur la régulation monétaire,

                d) de restaurer le pouvoir d'achat, en ciblant plus particulièrement celui des populations laborieuses, mais aussi d’en obtenir une plus juste répartition en pratiquant la régulation des revenus par les prix,

                e) de réduire le chômage qui devrait revenir dans un délai d'une dizaine d'années,  à un taux incompressible de 1 à 2% de la population active, comme c'était le cas en France à la fin des 30 glorieuses,

                f) d'installer définitivement, sous contrôle, la spirale expansionniste et de l'adapter ensuite aux variations de la démographie,

Enfin, la création de monnaie permanente à destination exclusive de l'Etat, rendue possible en Europe par la dénonciation des accords de Maastricht, met fin à l'intervention des marchés financiers et des agences de notation sur une dette souveraine qui ne court plus aucun risque de défaut de paiement. Et pour cause, il n'y a plus de dette souveraine ! Et que l'on ne vienne pas nous parler d'inflation, spectre destiné à l'exploitation de l'homme par la monnaie !

 

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