Monsieur le Président,

Le séisme monétaire - et ses implications économiques - qui secoue le monde de la finance depuis l’affaire des subprimes en 2007 a pris naissance aux Etats-Unis. Aussi, doit-il pouvoir être contenu et neutralisé au sein de votre propre pays et je ne crois pas qu'il existe actuellement un autre homme que vous pour réaliser cette tâche immense.

Fruit de mes travaux de recherche, il existe une loi macroéconomique qui commande l'allure de marche de toute activité nationale, donc la croissance (voir mon site web : bayard-macroeconomie.com).

Elle démontre que la sphère de l'activité de production connaît l'expansion ou la récession selon qu'elle est alimentée plus ou moins en monnaie. L’activité nationale fonctionne à peu près comme le moteur d'un engin mécanique. Elle tourne plus ou moins vite selon qu'elle est alimentée plus ou moins en carburant, c'est-à-dire en monnaie.

La conjoncture n’est rien d’autre qu’une économie libérale livrée à l’influence désordonnée, parce que non régulée, des facteurs endogènes opposés que sont l’épargne et le crédit. L'épargne dans le rôle du frein et le crédit dans celui de l'accélérateur. Etant précisé de plus, qu’une balance extérieure déficitaire amplifie l’effet de frein, tandis qu’au contraire si elle est bénéficiaire elle amplifie l’effet d’accélérateur.

Je me suis livré à une étude d'application de mes thèses à l'économie de votre pays. En voici le résultat.

Dans votre dernier rapport au Congrès (ERP-2013), on trouve (en trillions $) :

- Solde cumulé des balances commerciales de 1980 à 2012 =                                  -9,0
- Déficits budgétaires cumulés de 1980 à 2012                     =                                  -9,5

De mon point de vue,  ces deux facteurs sont à l’origine de l’endettement qu'ils ont nourri. A fin 2012 (estimation), celui-ci s’élevait à 16,2 trillions de dollars, soit 104,2% du PIB estimé à 15,5 trillions à la même date. La différence entre ces deux déficits et l'endettement n'est pas importante si l'on raisonne par grandes masses.

Voici mes commentaires.

1 - Echanges extérieurs

L’activité de production des Etats-Unis a été ralentie par des échanges extérieurs déséquilibrés (cf. loi macroéconomique). Les sommes prélevées sur le PIB traduisent un transfert de pouvoir d’achat vers l’étranger. Cela peut se vérifier par la faculté qu’ont les créanciers d’acquérir directement les biens de l’Etat s’ils décidaient d'utiliser de la sorte les 9 trillions de $us qu'ils détiennent.

On peut faire la comparaison avec ce que nous impose la Troïka (UE, BCE, FMI) en Europe ! N'est-ce pas pour satisfaire les appétits insatiables des marchés tout-puissants ?

La solution - que je préconise depuis une quinzaine d'années - consiste à mettre en place des accords bi ou multilatéraux entre tous les pays afin que leurs échanges soient proches de zéro, puisqu'au niveau de la planète : export = import. Les marchés - supposés à tort régulateurs - ne dicteraient plus leur loi, à la satisfaction générale. Les intérêts privés doivent céder le pas sur l'intérêt public.

2 - Budget

Le PIB des Etats-Unis, tel qu'il a été obtenu pendant ces 3 dernières décennies, l'a été en majeure partie grâce au concours des déficits budgétaires de 9,5 trillions de $. L'Etat fait de la régulation monétaire par la relance keynésienne sans le savoir.

Comme il a été dit au-dessus, l'épargne (monétaire) joue le rôle du frein dans l'allure de marche de l'activité de production, tandis que le crédit joue celui de l'accélérateur. Quand les ressources monétaires dépendent à 100% de l'endettement, la croissance nécessite toujours plus de dettes et d'intérêts à payer pour toujours plus d'épargne.

La crise des "subprimes" a cassé le système du crédit à la consommation, facteur de développement de l'activité de production, principalement chez vous. C'est la raison pour laquelle l'activité est déprimée avec pour conséquence un chômage et une misère en plein essor.

Des études des circuits monétaires (voir mon site web), j'ai pu vérifier que les dépôts d'épargne à terme (DAT) dans les banques commerciales sont gelés par le système. Ils occupent ce que l'on peut appeler des parkings monétaires sans utilité pour l'économie puisqu'ils ne peuvent pas quitter la banque tant que le déposant ne donne pas l'ordre de les remettre dans le circuit des dépôts à vue (DAV). On croit que l'épargne circule ; ce n'est pas vrai.

Toujours selon votre dernier rapport au Congrès (ERP-2013), les DAT bancaires dont les dépôts sont inférieurs à 100.000 dollars (règle fixée par la Fed, si mes sources sont bonnes) représentaient 4,4 trillions de dollars. Auxquels il faudrait ajouter les DAT bancaires dont les dépôts excèdent les 100.000 $, dont je ne connais pas le montant. Il n'est d'ailleurs pas exclu que les DAT bancaires à court, moyen et long terme - et quel que soit leur montant - avoisinent les 9,5 trillions de dollars. Si cela était le cas, mes thèses s'en trouveraient renforcées.

Parlons à présent du budget proprement dit.

Le budget de l'Etat est un budget de trésorerie, mêlant indistinctement :

- dans les recettes, celles qui concernent les taxes et impôts, les revenus de ses participations dans les entreprises publiques, les cessions de biens et les emprunts, et

- dans les dépenses, celles qui concernent les dépenses de fonctionnement, les aides diverses et variées, les investissements, les intérêts des emprunts et le remboursement des emprunts eux-mêmes.

Ce qui a comme première et absurde conséquence d'obliger l'Etat à emprunter pour accroître son patrimoine et à le revendre pour rembourser à la fois son capital (amortissements déduits) et les intérêts ! Situation économique absolument ubuesque !

Chaque année, l'endettement s'accroissant, les intérêts annuels en font tout autant. Sauf erreur de ma part, ils grèvent à l'heure actuelle votre budget à hauteur de 400 billions $/an environ.

La politique de l'endettement nous est imposée par la toute puissance monétaire. Elle avantage les prêteurs au détriment des masses laborieuses qui en paient les intérêts.

La solution, que je préconise, consiste à émettre de la monnaie dite permanente, c'est-à-dire sans intérêt ni échéance de remboursement au profit du Trésor Public, avec l'accord des Chambres des représentants de la Nation naturellement.

Son montant pourrait être fixé aujourd'hui à la somme des DAT bancaires, gelés en banque et constituant le frein le plus puissant au développement de l'économie réelle, c'est-à-dire au moins à 4,4 trillions de dollars (chiffre cité plus haut).

Les besoins financiers d'un pays peuvent être divisés grosso modo en 3 groupes :

a) - les dépenses publiques de fonctionnement,

b) - les dépenses d'investissement,

c) - les besoins monétaires de la régulation économique (épargne/crédit) destinés à fixer un objectif de taux de croissance.

Les premiers devraient être couverts par les impôts et taxes ; quant aux deux autres, ils devraient être couverts par la monnaie permanente.

Ainsi, la création de monnaie permanente à destination exclusive de l'Etat, met fin à l'intervention des marchés financiers et des agences de notation sur une dette souveraine qui ne court plus aucun risque de défaut de paiement. Et pour cause, il n'y a plus de dette souveraine sur les marchés !

Le pouvoir appartient, dit-on avec raison, à celui qui bat monnaie. On ne peut pas diriger un pays efficacement - avec ce que cela implique - si l'on n'a pas la maîtrise absolue de la monnaie.

C'est pourquoi, Monsieur le Président, je me permets de vous inviter très respectueusement à reprendre d'urgence le contrôle total de votre Banque centrale : la Fed.

Cela est d'autant plus facile que - si mes informations sont exactes - elle s'est placé le 6 janvier 2011 dans la plus grande discrétion, sous la protection du Trésor Public en état de quasi-faillite.

Elle est devenue une "Bad Bank" comme sont sur le point de le devenir nos BCN dirigées par la BCE en Europe.

Pour sauver le système bancaire, mais surtout la corporation, la Fed a récupéré tous les actifs toxiques que les banques détenaient, prenant ainsi leurs pertes à sa charge. De prêteur en dernier ressort, elle a cédé la place à l'Etat payeur en dernier ressort !

En nationalisant la Banque centrale américaine, vous enverriez un signal fort au monde de la finance. En prenant en main la politique monétaire de votre pays et en pratiquant la régulation monétaire vous pourriez renouer avec la croissance, lutter efficacement contre le chômage et la misère qui se sont installé durablement chez vous et partout ailleurs.

La gouvernance d'un pays ne doit plus être affaire de fiscalité, mais de finance et de monnaie.

Ainsi que vous le savez, le système monétaire est gravement sinistré. Il est devenu incapable d'accomplir sa mission première qui est de financer l'économie. Toutes les tentatives de réglementation, passées et à venir, ont été et seront vouées à l'échec parce que les décisions appartiennent aussi à ceux-là mêmes qu'il faut réformer.

Sur mon site Internet, je propose deux solutions de réforme monétaire, l'une libérale, l'autre administrée. Je pense qu'elles devraient faciliter la prise de décision.

Enfin, la crise a montré que l'indépendance des Banques centrales s'exerçait dans la dépendance et la soumission des peuples. Votre pays et le monde entier attendent de vous que vous libériez les peuples du joug et des tabous monétaires.

Veuillez pardonner la longueur de cette lettre, mais le sujet est si grave que je n'ai su faire plus court sans sacrifier l'essentiel.

Je vous prie de croire, Monsieur le président, à l'expression de mes sentiments les plus déférents.

Jean Bayard
31 octobre 2013

 

Le Major C.H. Douglas aurait écrit le texte ci-dessous. Qu'il soit d'origine ou non, il prend ici toute sa signification :

La terre est peuplée
Par deux catégories d'humains
L' Immense Majorité de ceux
Qui produisent toutes les richesses
Par leur travail
Et l' Infime Minorité des banquiers
Qui produit tout l'argent
Par jeu d'écriture.
Pour consommer ce qu'elle produit
L'Immense Majorité
Emprunte tout l'argent
A l'Infime Minorité.
Mais l'Immense Majorité
N'a pas compris
Un problème pourtant bien simple.
C'est que si on s'endette éternellement
Les taux d'intérêt
S'accumulent éternellement
Et on se ruine.
C'est aussi bête que ça
Au point que c'est pas croyable.
Et parce que c'est pas croyable
La fête continue
Pour l'Infime Minorité
A moins qu'un jour
Dans un éclair de lucidité
L'IMMENSE Majorité
Ne réalise que parce qu'elle
Produit toutes les richesses
C'est à elle de produire tout l'argent
Par jeu d'écriture.

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