Les 7 plaies de l’économie

Cinq causes monétaires nationales et deux causes internationales

 

Profitant depuis toujours d’une position dominante, qu’il s’est attaché à renforcer au cours des décennies, d’abord par la loi, puis par le bourrage de crâne sur l’inflation et par la diffusion d’informations tronquées, le pouvoir monétaire a bâti une véritable bastille, devenue quasi imprenable depuis qu’il a obtenu l’indépendance.

Enfin, en forme d’apothéose, sublime tour de force, il a réussi à faire signer le traité de Maastricht par la plupart des gouvernants d’Europe, disposant ainsi de tous les moyens coercitifs de l’oppression par la monnaie : lutte contre une inflation imaginaire s'appuyant sur des taux fixés arbitrairement pour l’inflation, pour le déficit budgétaire et pour l’endettement de l’Etat.

Les mots ne sont pas assez forts pour traduire le sentiment de révolte que tout être humain peut ressentir face à l’étendue des maux dont souffre notre société, maux dont les causes profondes résident dans les restrictions monétaires que nous imposent la toute-puissance monétaire et les groupes de pression qui lui sont associés pour leur seul profit.

Il est urgent de libérer les populations laborieuses de cette nouvelle forme d’esclavage économique.

Les 7 plaies de l’économie peuvent s'énumérer comme suit :

1 - Le syndrome de l’inflation et la théorie quantitative de la monnaie

2 - La méconnaissance de la création et de la circulation de la monnaie dans les banques

3 - L’épargne et les parkings monétaires en banque           

4 - La théorie de l’égalité de l’épargne et de l’investissement

5 - Les réserves obligatoires et le refinancement des banques à la Banque centrale

6 - La mondialisation des échanges

7 - La compétitivité et les gains de productivité

Les cinq premières plaies d’origine monétaire sont indubitablement dues à des systèmes mis au point et protégés par la puissance monétaire, tandis que les deux autres relèvent plutôt de pressions exercées par les groupes capitalistes sur la gouvernance économique, c'est-à-dire sur les dirigeants de la planète.

Enfin, des théories d’un autre âge complètement dépassées et éculées ajoutent à la confusion qui règne dans tous les domaines de l’économie. Elles servent d’écran protecteur aux puissances qui nous exploitent.

 

1 – Le syndrome de l'inflation et la théorie quantitative de la monnaie

C’est très certainement la plaie la plus large et la plus profonde, car elle freine l’activité de production et paralyse tout véritable essor.

La théorie quantitative de la monnaie qui veut qu’un accroissement de masse monétaire se traduise dans la même proportion par un accroissement des prix est aujourd’hui une totale supercherie. Son origine remonte à des temps anciens ou très anciens de pénurie générale et donc de plafonnement de l’offre à court et moyen terme (invention au 15ème siècle, remise à l'honneur après la crise de 1929).

Dans nos sociétés modernes, l'inflation monétaire n'existe plus depuis longtemps, la hausse des prix ayant une origine qu'il faut rechercher dans les comportements de ceux qui ont le pouvoir de fixer les prix. C’est trop simple pour que l’on puisse s’arrêter à pareille hypothèse, aussi lui préfère-t-on la théorie quantitative de la monnaie qui fait beaucoup plus sérieux ! Et puis, il n’existe pas de théorie de l’inflation des prix due à des comportements de surcroît le plus souvent difficiles (mais pas impossibles) à maîtriser.

La Banque centrale sait très bien qu’elle perdra son autorité quasi-régalienne le jour, qui n'est peut-être pas si loin, où l’on pourra démontrer que la hausse des prix est sans rapport avec l’émission de signes monétaires. Des études existent dans ce sens, mais elles ne sont pas suffisamment connues et confrontées entre elles. Toutes les occasions sont bonnes au contraire pour alerter l'opinion sur les risques d'inflation, au point d'en avoir fait l'instrument du bourrage de crâne, y compris dans les écoles et collèges (campagne calamiteuse de la BCE en 2005). Et, quand on regarde de près, tout ou presque est faux ou abusif. C'est ainsi que les autorités monétaires ont réussi à inoculer dans le corps économique tout entier le syndrome de l’inflation, depuis l'hypo-smicard jusqu'au cadre bien à l'aise.

En limitant l’émission monétaire, on limite la croissance et par voie de conséquence on empêche toute amélioration du pouvoir d’achat des masses laborieuses, celles qui ont la plus forte propension à consommer, c’est-à-dire à doper la croissance et l’investissement pour la produire, et par effet d’enchaînement à engendrer la spirale expansionniste.

Bien entendu on ne peut pas faire n'importe quoi avec l'activation économique par la monnaie. Il faut étudier, comprendre et prévenir les dérives et dérapages (inflation par les coûts dont les cotisations, les taxes, les importations obligatoires..., une concurrence affaiblie, une complexification administrative, etc.). Mais le syndrome réflexe de l’inflation est la première des maladies qu’il est urgent d’éradiquer, en même temps que de se débarrasser de la théorie quantitative de la monnaie, si l’on veut en finir avec le chômage et la misère humaine.

Dans cette lutte perpétuelle contre l’inflation, qui n’est qu’une lutte contre un spectre, nos dirigeants sous l’influence des autorités monétaires ont signé à Maastricht un traité interdisant aux Banques Centrales Nationales (BCN) d’avancer sous quelque forme que ce soit de l’argent à l’Etat. De quelle inflation s’agit-il ? Les déficits n’ont jamais été aussi élevés pour un taux d’inflation qui n’a jamais été relativement aussi faible. Comment expliquer pareille aberration de la part de nos élites, bernées par le pouvoir monétaire ?

Les Américains, et les Anglais itou, se sont bien gardés de pousser aussi loin la stupidité et l’aveuglement.

Pendant ce temps-là, les banques ont pris le relais et créent en partie la monnaie qui fait défaut à l’Etat ; en partie, bien sûr, puisque certains agents non bancaires et l’étranger souscrivent à l’émission de bons ou d’obligations d’Etat. Mais, comme il n’existe pas de prêt consentis par les banques, à l’Etat en l’occurrence, qui ne soit le résultat d’une émission de signes monétaires, la planche à billet fonctionne, mais d’une autre manière qui passe inaperçue.

Et comme le pouvoir monétaire laisse croire que la monnaie circule, tout le monde pense que les fonds empruntés par l’Etat sont des fonds empruntés sur les marchés financiers, donc à l’abri de l’émission de monnaie ce qui est faux en partie seulement.

Les moyens de tromper l’opinion sont incommensurables !

En France et dans la plupart des pays de l’Euroland des taux de croissance de 4% à 5% sur longue période ne seraient pas inflationnistes aussi longtemps qu'un quasi-plein emploi ne serait atteint. Ensuite, bien sûr, le taux de croissance doit s'adapter au gain de productivité annuelle soutenable du travailleur.

 

2 – La méconnaissance de la création et de la circulation de la monnaie dans les banques : souci de l'intérêt public, où es-tu ?

2.1 - Les conditions de la création monétaire que la plupart des économistes et a fortiori le grand public ignorent :

Les banques créent ou détruisent de la monnaie dans toutes leurs transactions avec les agents non bancaires. Elles créditent (création) ou débitent (destruction) directement (chez elles) ou indirectement (par le biais de la compensation) le compte de l'agent du montant de la transaction. Elles tirent sur leurs caisses, dit-on. Il y a bien longtemps qu'elles n'utilisent plus leur compte à la banque centrale pour s'acquitter de leurs dettes envers leurs créanciers.

En outre, à l’instar de la Banque Centrale, elles disposent d’un privilège exorbitant : elles monétisent leurs pertes et démonétisent leurs profits, ce que jusqu’à présent personne n’a compris ou osé dire. Par exemple, elles monétisent leurs dépenses en créditant le compte de leurs salariés de leur paie et elles démonétisent leurs recettes en débitant le compte de leurs clients de leurs agios, intérêts et autres frais.

2.2 - Leurs relations avec la Banque centrale, "top secret" pour l'essentiel

Contre monnaie centrale, les banques donnent en garantie à l'Institut d'émission les créances qui sont à l'origine de leur création de monnaie secondaire. Contre monnaie centrale, elles lui cèdent les devises de leurs clients qui sont à l'origine de leur émission de monnaie secondaire (règle générale, limitée aux USA qui commercent dans leur propre monnaie). Elles disposent de monnaie centrale émise par l'Institut en faveur du Trésor, lorsque celui-ci procède au règlement de ses dépenses (excepté en Euroland, puisque c'est interdit). Elles bénéficient enfin de la création de monnaie centrale due à l'activité propre de la Super-banque, lorsque celle-ci monétise plus qu'elle ne démonétise.

Bref, elles reçoivent de la monnaie émise par la Super-banque, non pas parce qu'elles l'ont gagnée, mais parce que le système est ainsi bâti et qu'elles sont seules à se trouver dans la place (cf. Le pouvoir de la Banque centrale sur l'émission monétaire).

2.3 - Les implications qui en découlent sont fantastiques

Les banques financent leurs opérations pour propre compte sans aucune limite de financement, puisqu'elles créent la monnaie dont elles doivent s'acquitter envers les agents non bancaires et qu'elles disposent à profusion (pour certaines) de monnaie centrale pour le reste.

Il en est ainsi de leurs opérations spéculatives. Elles prennent ce que l'on appelle des positions sur les marchés dérivés ou de matières premières, sans monnaie évidemment. Ce n'est qu'au dénouement, que ces opérations doivent être liquidées. Elles encaissent ou décaissent alors, selon qu'elles sont gagnantes ou perdantes. Et elles sont surtout bien placées pour gagner. Et pire, elles créent la monnaie lorsqu'elles versent les primes à leurs traders, en créditant purement et simplement leurs comptes généralement ouverts chez elles.

Si elles n'ont pas de limites de financement, elles ont toutefois des limites d'engagement (ratio Cooke). C'est la raison pour laquelle elles sont aussi réticentes à les voir modifier.

2.4 – Deux monnaies : centrale et secondaire, deux compartiments étanches

C'est le phénomène le plus étonnant qui est apparu au grand jour avec la crise des subprimes. Les centaines de milliards de dollars ou d'euros émis par les banquiers centraux ne servent pas et ne peuvent pas servir à l'économie réelle. Le système tel qu'il est construit l'en empêche.

Seul le Trésor sert de passerelle ou de sas entre les deux monnaies, centrale et secondaire, par les échanges qu'il pratique avec les autres agents non bancaires puisqu'il est le seul agent non bancaire à disposer d'un compte ouvert à la Banque centrale.

Voici comment s'opèrent les échanges entre les deux monnaies, le Trésor Public servant de passerelle.

                1 - Le Trésor règle ses dépenses. Son compte est débité à la Banque centrale, tandis que le compte de la banque X du fournisseur est crédité à la même Banque centrale. Dans le même temps, la banque X crée de la monnaie secondaire en créditant le compte de dépôt à vue (DAV) de son client (fournisseur de l'Etat). Il n'y a pas de destruction de monnaie centrale, alors qu'il y a création de monnaie secondaire.

                2 - Le Trésor encaisse ses recettes d'impôts. Son compte est crédité à la Banque centrale, tandis que la banque Y est débitée à la même Banque centrale. Dans le même temps, la banque Y détruit la monnaie secondaire en débitant le compte (DAV) de son client (contribuable). Il y a destruction de monnaie secondaire, tandis qu'il peut y avoir ou non création de monnaie centrale, selon que la banque Y dispose ou non de cette monnaie.

Les monnaies centrale et secondaire ne se mélangent donc pas ; elles s’échangent comme s’il s’agissait de devises à parité.

Les excédents de monnaie centrale dont disposent les banques ne peuvent être utilisés qu’entre elles et le Trésor. Ils ne peuvent pas servir à l’économie réelle contrairement à ce que l’on a tous tendance à dire et à croire, sauf évidemment par le biais du Trésor Public. Ils alimentent la trappe à liquidités.

Et les autorités monétaires - qui ne peuvent l’ignorer - ne cherchent surtout pas à nous détromper.

2.5 - La circulation de la monnaie

Tout le monde, y compris les spécialistes et la plupart des banquiers eux-mêmes (ce qui est un comble !), pense que la banque utilise notre argent à des fins propres et qu’elle prête l’épargne que nous lui confions. Bref, tout le monde croit que la banque fait circuler la monnaie. Il s’agit là d’une erreur monumentale dissimulée par des circuits monétaires complexes très difficile d’accès.

Et, le pouvoir monétaire n’a jamais rien fait pour la dissiper, bien au contraire puisqu’il a réussi le tour de force de la masquer par une disposition de loi qu’il a fait voter. Cette loi élude totalement le principe central de la création monétaire par les banques et ne fait aucune distinction entre les banques qui créent la monnaie et les établissements financiers qui n’ont d’autre pouvoir que celui de la faire circuler. On est en présence d'un cas manifeste d'organisation de la confusion.

Dans l'ignorance de cette erreur, il est généralement admis que les banques empruntent à court terme pour prêter à long terme. Il s'agit ici encore d'un raisonnement inversé.

Elles prêtent d’abord en créant la monnaie, quel que soit le terme. Elles empruntent presque aussitôt après, d'une banque à l'autre, pour parer aux fuites interbancaires auxquelles chaque émission les expose. Les prêts et emprunts interbancaires à court terme qui s'ensuivent ont pour seul effet de corriger les déséquilibres structurels d'une banque à l'autre. N'oublions pas que ce sont les clients qui font circuler la monnaie, pas les banques.

Plus le système bancaire est concentré, moins les fuites sont importantes. Les banques ne s’y sont pas trompées, qui vont de fusions-absorptions en fusions-absorptions.

Elles "empruntent" ensuite lorsque leurs clients dépositaires choisissent d'épargner chez elles, par virement du compte de dépôt à vue au compte d'épargne, à plus ou moins long terme !

C'est l'émission monétaire qui alimente l'épargne, non l'inverse.

 

3 – L'épargne et les «parkings monétaires» en banque

Dans un établissement financier, l’épargne collectée sert à l’octroi de crédits. La fonction d’un tel organisme est de faire circuler la monnaie.

En banque, c’est tout le contraire, ce n’est pas l’épargne qui va aux crédits, ce sont les crédits qui vont à l’épargne, ainsi qu'on vient de le voir. La fonction de la banque est de créer la monnaie ; ce sont ses clients qui la font circuler.

La monnaie une fois créée, ne reste pas dans sa forme initiale de dépôt à vue. Les clients des banques (entreprises et ménages) la font circuler entre eux, jusqu’à ce qu’ils (les ménages principalement) la transfèrent sur un compte d’épargne ou bien souscrivent à des bons de caisse ou autrement.

Les dépôts d’épargne en banque comme les dépôts à vue n’ont pas de contrepartie en monnaie, puisqu’ils en ont déjà une : la créance qui est à l’origine de leur création. Ces dépôts d’épargne et à vue représentent la monnaie. Ils sont la monnaie !

L’épargne en banque est donc une épargne morte qui occupe les parkings monétaires bancaires. Elle ne circule pas tant que le titulaire choisit de la conserver en compte.

Il est difficile de croire que les autorités monétaires ignorent cette particularité et qu’elles se soient laissé prendre au piège de la confusion qu’elles ont elles-mêmes créée. Et pourtant, elles font comme si elles ignoraient que l’épargne bancaire est indisponible. Elles obligent, en effet, les banques à transférer auprès d’une banque chargée de les redistribuer (Caisse des Dépôts et Consignations, en France) des fonds spécialement « collectés » pour le financement d’investissements à caractères industriels et sociaux.

On se trouve alors dans une situation ubuesque : tenues de procéder à ces transferts, les banques sont dans l’obligation de créer de nouveaux signes monétaires ! Au prix d’une série d’opérations très complexes, dans lesquelles intervient ou non selon le cas, la Banque Centrale, mais opérations difficiles à démonter. C’est ainsi que tout le monde croit que l’épargne circule et que l’on évite ainsi de créer de nouveaux signes monétaires, source d’inflation !

C’est un véritable tour de force !

De toute façon l'épargne, qui est une non-consommation, a pour conséquence de freiner la marche de l’activité de production, ainsi que le démontre la loi macroéconomique, (voir par ailleurs) aussi faudrait-il cesser de l’encourager dans beaucoup de pays.

Rares sont les messages officiels des autorités monétaires ou politiques qui incitent à la désépargne, même dans le cas où l'épargne financière est manifestement globalement trop forte.



4 – La théorie de l'épargne et de l'investissement : tout à fait fausse et dangereuse, car poussant à l'épargne

Elle s'appuie sur les équations dites comptables, qui en fait ignorent la création monétaire :

C + I  =  X                             C + S  =  Y                           X  =  Y

d'où :                                                                                      I  =  S

Sachant d'une part que X représente le produit national, Y le revenu national et C la consommation, et convenant d'autre part que le produit national et le revenu national sont identiques, il s'ensuit que l'investissement I est égal à l'épargne S ("saving").

Cette expression mathématique est à la fois trop simple et insuffisante pour en déduire que l’épargne finance l’investissement, car elle mêle deux grandeurs de nature différente : l’épargne (grandeur monétaire) et l’investissement (grandeur économique), ce qui a pour conséquence de masquer toute autre source de financement, notamment et surtout l’émission monétaire qui finance indéniablement une part de l’investissement.

Enfin, elle confond par compensation l’épargne prélevée sur le revenu et la désépargne, tandis qu’elle ignore totalement l’épargne forcée, c’est-à-dire la fraction du revenu qui sert au remboursement des dettes.

De plus, on vient de voir que l’épargne bancaire est une épargne morte, immobilisée si l’on préfère. Elle ne peut donc pas servir à quelque investissement que ce soit, ce qui frappe ainsi de nullité la théorie de l’égalité de l’épargne et de l’investissement.

Pourtant en vertu de cette égalité, admise aux quatre coins du monde, on favorise l’épargne que l’on suppose être employée à l’investissement comme dans une sorte de cercle vertueux à l’abri de l’inflation monétaire. C’est pourquoi elle est encouragée.

Encore une théorie archaïque, mettant la charrue avant les bœufs, qui a fait et continue à faire beaucoup de mal aux économies française, allemande, italienne, japonaise, chinoise...

On sait maintenant que dans le cycle monétaire des échanges de la sphère réelle, l’épargne joue le rôle de ralentisseur tandis que le crédit joue celui de l’accélérateur. La régulation monétaire est le seul moyen d'espérer maîtriser l’économie avec discernement et efficacité à tous les termes.

Encore une théorie archaïque et nocive pour l’économie, dont il est urgent de se défaire.

 

5– Les réserves obligatoires et le refinancement des banques en banque centrale

Nous avons vu que le système des réserves obligatoires, hérité du passé, est au cœur de la confusion qui règne en matière de liquidité bancaire.

C’est aussi dans le vocabulaire qu’il faut chercher les pièges destinés à nous tromper.

Il en est ainsi du terme de refinancement qui laisse croire de manière insidieuse que les banques refinancent leurs activités de création monétaire, alors qu’il s’agit tout simplement et essentiellement du financement de leurs obligations d’approvisionnement de monnaie fiduciaire (nécessité économique) et de réserves obligatoires (législation).

Enfin, pour renforcer le dispositif de cette monumentale supercherie, on a inventé la théorie du multiplicateur de crédit, qui suppose grosso modo que les banques sont limitées dans leurs activités de création monétaire à proportion dégressive de la monnaie centrale qu’elles détiennent à l’Institut d’Emission. La surabondance de cette monnaie ne peut pas entrer dans la théorie, encore moins depuis que la crise l'a rendu extravagante !

 

6 – La mondialisation des échanges : trop c'est trop !

Les économistes et autres experts n’ignorent pas que le Produit National ou (PIB) comprend : la consommation, l’investissement et le solde des échanges extérieurs. Ils ne peuvent non plus ignorer que le solde des échanges extérieurs ne représente qu’une très faible fraction de l’ensemble : généralement environ 3%, et qui plus est en plus ou en moins selon le sens du solde.

La croissance d’un pays repose donc essentiellement sur son activité intérieure : consommation et investissement. Et, la règle est la même pour tous les pays.

Il est donc vain de croire que tout le monde peut exporter sans limite, ce qui n’empêche pas les gouvernements de tous les pays d’encourager leurs entreprises à exporter. Et celles-ci de se précipiter à l’assaut de parts de marché à l’étranger, non sans succès, il faut bien le dire. Mais il apparaît de plus en plus clairement que les multinationales font leurs profits sur le dos des populations nationales.

La course aux exportations est une course aux chimères, menée à un train d’enfer par les multinationales, aidés et encouragée par les dirigeants de tous les pays. Sont-ils aveugles ou cyniques ?

Sur les marchés, en raison d’une concurrence acharnée, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, pour vendre il faut être compétitif et pour être compétitif il faut réduire les coûts de production. Mais pour réduire les coûts de fabrication, il faut mécaniser à outrance, réduire les salaires (ou tout au moins les contenir) et produire inéluctablement des chômeurs.

Les plaies de ce mal sont pourtant tellement apparentes qu’il faut user d’arguments, pour le moins fallacieux, pour tromper l’opinion.

L’argument largement employé pour faire admettre les bienfaits du libre-échange et de la mondialisation qui en est l’apogée, consiste à dire que les premiers bénéficiaires des baisses de prix sont les consommateurs. Mais ce que l’on oublie de nous dire, c’est que les prix faisant les revenus puisque le produit national est égal au revenu national, les baisses de prix conséquence de la concurrence entraînent mécaniquement des baisses de revenus.

C’est une imposture, car ils ne baissent pas pour tout le monde !

C’est qu’en effet, les hommes politiques, les chefs d’entreprise et d’une manière générale tous ceux qui ont le pouvoir de fixer les prix et ceux qui les servent ne sont évidemment pas concernés par la baisse des revenus puisqu’ils sont les premiers à se servir. Ainsi par exemple, nos députés, ministres et autres membres du gouvernement de quelque couleur politique qu'ils soient, qui votent leurs émoluments. Ceux-là et ceux-là seulement gagnent sur les deux tableaux ! Leur pouvoir d’achat s’améliore à la fois par la hausse de leur revenu et par la baisse de leurs dépenses.

On importe dans les pays riches la misère des pauvres au seul profit des puissants de ce monde. C’est ainsi que l’on fabrique de nouveaux pauvres !

Les statistiques sont là pour le prouver : les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, sans parler des classes moyennes qui voient leur pouvoir d’achat s’étioler au fil des ans.

Mais, jusqu’où peut donc aller notre aveuglement, à nous simples citoyens ?

Cela ne veut pas dire qu’il faille fermer les frontières. Il ne suffit que de mettre de l’ordre là où règne l’anarchie du libre-échange, c'est-à-dire de l'agressivité mercantile libre s'engouffrant dans les canaux de la déloyauté.

Personne ne semble se rendre compte de la pollution qu'entraîne cette activité internationale et que la concurrence des pays pauvres accélère. Personne ne s'est livré à un calcul en termes de consommation de carburant et d'émission de gaz à effet de serre, exclusivement dus à l'internationalisation des échanges. Des trains et des camions qui circulent, des bateaux qui naviguent et des avions qui nous apportent des produits de l'autre bout du monde. Des produits qui insidieusement détruisent nos exploitations, nos usines, notre tissu industriel et notre agriculture.

Il est vital, il est même crucial que l’opinion se dresse contre ce fléau dont la plaie s’étend à la planète entière. Il est urgent de mettre un terme à la folie et au cynisme des hommes qui nous dirigent.

 

7 – La compétitivité et les gains de productivité :

La compétitivité est mesurée par les prix et aussi par les coûts salariaux.

Brièvement, c’est la raison pour laquelle les hausses de rémunération des salariés doivent être contenues dans la limite des gains de productivité, ce qui est déjà inacceptable.

Il n’est pas de document sérieux sur l’économie qui ne parle de compétitivité. Et de voir fleurir les graphiques d’indices comparant les performances des pays industrialisés. Dans ces tableaux comparatifs, la France fait actuellement piètre figure. Le sujet est traité chaque mois dans le bulletin de la Banque de France, ce qui montre l’intérêt qu’on lui porte.

Pourquoi un tel intérêt ? Encore et toujours l’inflation, car la concurrence fait baisser les prix, surtout quand elle vient de pays à monnaie faible, très faible !

On peut avancer sans crainte d’erreur que les politiques de libre-échange ne peuvent se concevoir sans que la concurrence puisse s’exercer librement. Pour prendre la mesure du phénomène, il n’est que de voir l’acharnement thérapeutique de Bruxelles dans sa lutte pour que la concurrence s’exerce sans entrave aucune ! Pour qui roule Bruxelles ?

Dans un milieu ouvert sans limite à la concurrence, les entreprises doivent être compétitives sous peine de disparaître. Mais, elles ne peuvent être compétitives qu’à la condition de réduire toujours plus la part de la main d’œuvre dans la fabrication, c'est-à-dire mécaniser et diminuer les coûts salariaux.

C’est ainsi que la compétitivité, fille naturelle de la concurrence excitée au plus haut point par le libre-échange, est devenue une espèce de machine infernale à produire soit du chômage, soit des salaires de misère, soit encore les deux à la fois, pouvant conduire à des pertes massives de pouvoir d’achat au niveau national en période de stagnation ou de récession.

La mécanisation des travaux manuels, que ce soit dans les ateliers ou dans les bureaux devient une priorité. Les causes de la mécanisation ont changé radicalement : alors qu'autrefois, au temps des 30 glorieuses, on mécanisait pour fournir une demande qui paraissait insatiable, on mécanise aujourd'hui pour survivre devant une demande qui semble s'échapper. La recherche de la compétitivité encouragée par les pouvoirs publics, devient le slogan à la mode. On laisse gaillardement le tissu national se déchirer au prétexte qu'il faut le restructurer. Et toutes ces mesures prises, on s'étonne encore de voir fondre les effectifs des entreprises et les chômeurs proliférer.

En cherchant à réduire les coûts, par le fait même, l'emploi ne peut plus être protégé et les contrats à durée déterminée, qui ne sont que le reflet de la précarité des affaires sur l'emploi, pullulent. Sur le marché du travail, la demande devient plus forte que l'offre et les salaires ont tendance à baisser. C'est la loi du marché. Quand elles embauchent, les entreprises proposent des salaires de plus en plus bas. Les augmentations se font plus rares ainsi que les promotions dans la hiérarchie des salaires. Tous les moyens sont bons pour réduire les coûts et par contagion celles qui pourraient s'en passer n'y résistent pas.

La mondialisation des échanges devrait nous faire comprendre toute l’étendue du désastre qui nous envahit, malgré quelques moments de répit dus à une « conjoncture » plutôt favorable.

Car, on n'a pas encore vraiment compris que l'on ne peut pas mener la même politique économique, selon que l'on traverse une période de plein ou de sous-emploi, de forte ou de faible activité, et qu'en toutes circonstances il faut donner la priorité au travail de l'homme sur celui de la machine.

On se nourrit alors d’illusions en supposant que les pays industrialisés compensent par de fortes ressources dans des technologies de pointes comparées à des pays en voie de développement qui en manqueraient. On devrait s’apercevoir que ces pays en voie de développement, comme le terme l’indique, ne nous attendent pas pour exceller dans des domaines pointus, telle l’informatique en Inde ; demain la Chine explosera dans tous les domaines des productions de plus en plus élaborées et de haute technologie.

On attend peut-être pour voir !

Cette plaie ne fait qu’ajouter à la précédente, car située dans son prolongement elle est supposée être la condition de notre existence économique. En éradiquant le mal qu’engendre la première, on supprime les causes de la seconde.

Elles sont soumises toutes les deux à l’influence des forces de pression du capitalisme économique qui n’a que faire des dégâts qu’il occasionne chez les populations laborieuses.

 

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