LA MONNAIE D’ENDETTEMENT, L’EPARGNE ET LA CROISSANCE

 

Je voudrais exposer ici quelques idées sur les effets combinés de l’endettement (argent-dette) et de l’épargne sur le processus qui conduit à la formation de la richesse nationale. Je pense qu’il s’agit là d’un aspect capital de la gouvernance économique.

Je me permettrais d’attirer l’attention du lecteur sur une confusion qui règne en matière de croissance. Certains prétendent qu’elle serait nuisible à l’environnement. Je répondrais que ce n’est pas la croissance qui nuit à l’environnement, c’est le comportement de ceux qui la font et la manière de la faire.

Il ne semble pas inutile de rappeler que le PIB - mesure de la richesse nationale et de la croissance quand elle s’accroit - est la somme des échanges pratiqués entre eux par les agents économiques : les entreprises (l’Etat y compris), les ménages et l’étranger. Le PIB est aussi le Revenu National par égalité. L’un comme l’autre se trouve réduit par une balance commerciale déficitaire et accru si elle est bénéficiaire.

En conclusion de ces réflexions, on trouvera quelques suggestions en matière de gouvernance économique et à propos du rôle de l’Etat dans cette perspective.

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A - Deux monnaies, deux compartiments étanches

Tout d’abord, il faut rappeler qu’il existe deux sortes de monnaie scripturale :

• la monnaie centrale, émise par la banque centrale,

• la monnaie secondaire, émise par les banques de dépôts ou banques commerciales.

On suppose généralement que ces deux monnaies sont substituables, alors qu’il n’en est rien ; elles sont échangeables, ce qui est différent. C’est une particularité de la monnaie scripturale qui semble échapper à la connaissance des initiés, puisque tout le monde s’étonne de voir que les liquidités massivement détenues par les banques ne servent pas l’économie réelle, mais alimentent la trappe à liquidités.

Pour qu’une monnaie scripturale donnée puisse s’échanger, il faut nécessairement deux comptes ouverts dans la même monnaie, celui qui est débité et celui qui est crédité. Ainsi,

- la monnaie centrale ne peut s’échanger qu’entre titulaires de comptes ouverts à la Banque centrale : les banques et le Trésor Public, zone d’échange de la monnaie centrale,

- la monnaie secondaire ne peut s’échanger qu’entre titulaires de comptes ouverts dans une banque de dépôt, soit les agents non bancaires (ANB), zone d’échange de la monnaie secondaire.

Les banques servent d’intermédiaires entre le Trésor public (TP) - seul agent non bancaire à disposer d'un compte ouvert à la Banque centrale - et les agents non bancaires.

On verra au chapitre C comment s’opèrent les transactions entre le TP et les ANB.

On peut dire en bref que  les banques commerciales échangent - dans un sens ou dans l’autre - de la monnaie centrale contre de la monnaie secondaire qu’elles créent ou détruisent selon le sens.

Pour éviter de tomber dans le piège de l’amalgame, nous considérons que les établissements de crédit, pour la plupart filiales des banques (fonds communs de placement, établissements spécialisés dans les crédits à la consommation, etc.) sont des Agents non bancaires (ANB), parce qu’ils ne créent pas la monnaie. Ils sont financés généralement par leurs banques, sociétés-mères, ou par tout autre moyen d’autre provenance.

 

B - Financement du secteur privé

Mis à part quelques irréductibles qui nient l’évidence, on sait que les banques de dépôt créent de la monnaie scripturale, ex-nihilo (sortie de rien), lorsque notamment elles accordent un prêt à un ANB. Elles créent ainsi la monnaie secondaire.

La création de même que la destruction de monnaie scripturale par les banques obéit à une règle générale que l’on peut écrire comme suit :

Toute augmentation de l'actif, toute dépense et toute diminution du passif de ces banques se traduisent nécessairement par une création monétaire, tandis que toute augmentation de leur passif, toute recette et toute diminution de leur actif, se traduisent symétriquement par une destruction monétaire. Car, ces opérations se font ou se défont par l'inscription, dans un sens ou dans l'autre, directement ou indirectement, aux comptes de dépôt à vue (DAV) des agents non bancaires par les banques.

On sait que l’émission de signes monétaires est opérée par les banques dès l’instant où elles prêtent les fonds qu’elles mettent à la disposition des emprunteurs en passant à leur bilan une écriture comptable qui donne l’égalité :

Créances (à l’actif) = Comptes de dépôt à vue (DAV) (au passif).

On suppose que les sommes empruntées entrent, comme les sommes empruntées antérieurement, dans le processus de l’activité de production. L’ensemble participe alors à la formation du PIB et à la distribution du Revenu National (RN) entre les entreprises et les ménages, étant rappelé ici que PIB = RN.

On sait qu’ensuite les ménages épargnent chaque mois une part de leurs revenus, généralement par virement de leurs comptes de dépôt à vue (DAV) vers leurs comptes de dépôt à terme (DAT), ce qui donne l’écriture suivante :

Comptes de dépôt à vue (DAV), en diminution = Comptes de dépôt à terme (DAT), en augmentation.

On trouve alors au bilan des banques, la nouvelle égalité suivante :

Créances (à l’actif) = Compte de dépôt à vue (DAV) + Compte de dépôt à terme (DAT) (au passif).

On en tire la conclusion que l’épargne bancaire ne circule pas, puisque seuls les comptes de dépôt à vue (DAV) sont utilisés pour les transactions entre agents non bancaires.

Au gré de leurs besoins, les ANB procèdent aux virements inverses.

L’épargne en banque est une épargne morte, placée dans ce que l’on a appelé des « parkings monétaires ».

La Banque d’Angleterre confirme notre position dans son bulletin du 1er trimestre 2014, dont voici la traduction de 2 extraits d’articles significatifs.

1 - Cet article explique comment les banques ne prêtent pas les dépôts qu'elles reçoivent, mais au contraire, créent des dépôts par l'acte de crédit. Tout l'inverse de la séquence généralement décrite dans les manuels scolaires.

2 - Une autre idée fausse répandue est que la banque centrale détermine la quantité de prêts et de dépôts dans l'économie par le contrôle de la quantité de monnaie de banque centrale - l'approche dite du "multiplicateur monétaire".

On y reviendra plus bas.

 

C - Financement de l’Etat

Le financement de l'Etat est assuré grâce à des bons et obligations négociables émis par le Trésor public. Les souscripteurs sont en général :

- la Banque centrale, sauf en Europe en raison de l’interdiction faite par le traité de Maastricht,

- les banques qui trouvent là les titres dits éligibles qui leur servent de collatéraux en garantie de leurs emprunts,

- soit auprès de la banque centrale pour le refinancement (pension),
- soit auprès de leurs consœurs sur le marché interbancaire,

- les investisseurs institutionnels, dits zinzins,

- l’étranger

Les souscriptions des bons et obligations s’opèrent comme suit, étant précisé que les banques servent d’intermédiaires obligés entre le Trésor public et les ANB, dans un sens comme dans l’autre.

1 - La souscription par la Banque centrale

La banque centrale souscrit directement à l’émission (hors zone Euro, du fait de l’interdiction).

- elle crée ex-nihilo de la monnaie centrale qu’elle porte au crédit du Trésor Public,

- quand celui-ci règle ses dépenses (pour lesquelles les bons et obligations ont été émis) en faveur des ANB, son compte est débité et ceux des banques des ANB crédités à la banque centrale, en monnaie centrale donc,

- les comptes des ANB sont ensuite crédités par les banques par création de monnaie secondaire pour finaliser l’opération.

Si l’on fait le bilan de ces transactions, la somme de monnaie centrale créée par l’Institut d’émission est égale à la somme de monnaie secondaire créée par les banques.

Celles-ci sont ainsi pourvues, à profusion, en monnaie centrale - sans autre droit que celui qui tient à l’organisation du système. Cette monnaie alimente la trappe à liquidités, sans utilité pour l’économie réelle, en raison de la règle énoncée : 2 monnaies = 2 zones de circulation indépendantes.

2 - La souscription par les banques commerciales

Les banques commerciales souscrivent à l’émission.

- elles se fournissent en monnaie centrale auprès de l’Institut d’émission, si elles n’en disposent pas au préalable ; en général, les banques disposent de monnaie centrale émise antérieurement par la super-banque, sinon elles font appel à l’open market,

- la banque centrale débite le compte des banques et crédite celui du TP du montant de la souscription, en monnaie centrale donc,

- quand celui-ci règle ses dépenses (pour lesquelles les bons et obligations ont été émis) en faveur des ANB, son compte est débité et ceux des banques des ANB crédités à la banque centrale, en monnaie centrale donc,

- les comptes des ANB sont ensuite crédités par les banques par création de monnaie secondaire pour finaliser l’opération.

Si l’on fait le bilan des transactions, les banques ont avancé de la monnaie centrale qu’elles ont ensuite récupéré quand le TP a procédé à ses dépenses. Le résultat est neutre en monnaie centrale. En revanche, elles ont créé une somme de monnaie secondaire égale à la souscription.

Les banques conservent les titres souverains et autres titres (comportant les meilleures notes de la part des agences de notation) qui leur servent de collatéraux en garantie de leurs emprunts, ainsi qu’il a été dit au-dessus.

A la suite de la crise des subprimes, d’abord, et des titres souverains, ensuite, les banques ont cédé massivement ces titres toxiques ou dépréciés à leur banque centrale. Ce qui a eu pour effet de diriger des masses importantes de monnaie centrale vers leur compte, alimentant la trappe à liquidité sans utilité pour l’économie réelle  en raison de la règle énoncée : 2 monnaies = 2 zones de circulation indépendantes. Ce qui a eu également pour effet de transférer des pertes (dépréciation) des banques à l’Institut d’émission.

3 - La souscription par les investisseurs institutionnels

Les investisseurs institutionnels, dits zinzins, souscrivent à l’émission.

- les banques commerciales débitent les comptes des zinzins (ANB) du montant de leur souscription ; ce qui se traduit par une destruction de monnaie secondaire à due concurrence,

- la banque centrale débite les comptes des banques (intermédiaires des opérations entre les ANB et le TP) et crédite celui du TP du montant de la souscription, en monnaie centrale donc,

- quand celui-ci règle ses dépenses (pour lesquelles les bons et obligations ont été émis) en faveur des ANB, son compte est débité et ceux des banques des ANB crédités à la banque centrale, en monnaie centrale donc,

- les comptes des ANB sont ensuite crédités par les banques par création de monnaie secondaire pour finaliser l’opération.

Si l’on fait le bilan des transactions, les banques ont avancé de la monnaie centrale qu’elles ont ensuite récupéré quand le TP a procédé à ses dépenses. Le résultat est neutre, non seulement en monnaie centrale, mais aussi en monnaie secondaire, car la destruction de monnaie à la souscription des zinzins s’est accompagnée d’une création de même monnaie au moment des dépenses de l’Etat auprès des ANB.

Il existe pourtant une différence qui nous paraît importante. De la monnaie épargnée (en provenance des zinzins) ou désépargne a servi à l’économie réelle.

Les remboursements d’emprunts produisent les effets inverses. Ils alimentent l’épargne des investisseurs au détriment de l’activité de production.

4 - La souscription par l’étranger

La souscription par l’étranger s’opère dans les mêmes conditions que celles décrites au 3 ci-dessus avec toutefois une opération supplémentaire s’il règle en devises :

- la banque reçoit des devises du souscripteur et en porte la contrevaleur au cours du jour de la transaction à son compte en monnaie secondaire, créée pour la circonstance. L’étranger est considéré ici comme un ANB.

- elle peut ensuite, soit conserver les devises à l’actif de son bilan, soit les céder sur le marché des changes, soit encore les céder à la Banque centrale contre monnaie centrale.

Si l’on fait le bilan de l’opération, en cas de souscription par l’étranger en devises, il y a une création de monnaie secondaire supplémentaire, avec effet inverse lors des remboursements.

5 - Enseignements tirés de l’analyse du financement de l’Etat

Dans la zone euro, le financement de l’Etat est assuré par les banques, les zinzins et l’étranger.

Si l’on écarte le financement des banques elles-mêmes (en monnaie centrale, comme le Trésor Public), la destruction est égale à la création de monnaie secondaire. Ce qui permet d’avancer que le financement de l’Etat finance simultanément les Agents non bancaires (ANB).

Hors zone euro le financement de l’Etat peut, en outre, être assuré directement par la Banque centrale.

Les conclusions sont les mêmes que ci-dessus pour la part correspondant au financement par les banques, les zinzins et l’étranger.

Pour sa part, le produit du financement par la Banque centrale revient intégralement aux comptes des banques et alimente la trappe à liquidité.

 

D - Situation de l’endettement de la zone euro en 2013

1 - Dette publique

Selon Eurostat, la dette publique des Etats de la zone euro (UE18) s’élevait à 9,5 trillions € à fin 2014, contre près de 8,0 trillions € à fin 2010. Ce qui correspond à une hausse de 1,5 trillion € et elle ne cesse d’augmenter.

2 - Dette privée, limitée aux Sociétés non financières (SNF) et aux Ménages

Selon le bulletin économique de septembre 2015 de la BCE, les prêts accordés en euros aux résidents de la zone (SNF et Ménages) par les IFM s’élevaient à 9,5 trillions d’euros au 31 décembre 2014. En baisse de 350 millions d’euros comparés à fin 2010.
Si l’on considère qu’il faut toujours plus de dettes pour développer l’activité économique de production, dans un système à 100% de monnaie-dette, il est permis d’avancer que la hausse de l’endettement public a servi (en partie) à compenser la baisse de l’endettement privé.

3 - Endettement total

A périmètre comparable, si l’on prend les chiffres de la BCE pour l’endettement privé et ceux d’Eurostat pour l’endettement public, l’endettement total s’élevait donc à 19,0 trillions d’euros à fin 2014. La dette publique étant à peu près égale à la dette privée (hors sociétés financières).

4 – Contrepartie principale

En se rapportant au bulletin économique de la BCE déjà cité, on trouve à fin 2014 :

a)   DAV pour                                           4.949 mds€

b)   DAT pour                                            9.109 mds€ (dont > 2 ans =  4.720 mds€)

On retrouve donc l’endettement total pour partie en dépôts à vue (DAV) pour 4,9 trillions €, et en dépôts à terme (DAT) pour 9,1 trillions € à fin 2014.

 

E - La monnaie d’endettement et l’activité nationale de production (PIB)

Comme nous sommes dans une société d’endettement,  s’il n’y a plus de dettes, il n’y a plus de monnaie, ce qui signifie que s’il n’y a plus de monnaie il n’y plus d’échange et par conséquent il n’y a ni PIB ni Revenu national.

Ce raisonnement par l’absurde - situation extrême irréelle - prouve assez bien que les variations de l’endettement ne peuvent pas être neutre, quel que soit leur sens, sur l’activité de production.

A tout moment, évidemment,  il y a un stock de monnaie issu de la dette contractée précédemment par les ménages, les entreprises et l’Etat. La vie de ce stock dépend naturellement de la durée des échéances restant à courir, à court, moyen et long terme.

Il se renouvelle dans des conditions vraisemblablement aléatoires qui pèsent sur le développement de l’activité nationale, puisqu’il n’y a pas de régulation monétaire.

Quant à l’épargne bancaire (Dépôts à terme, quel que soit le terme, DAT), elle ne circule pas comme l’a si bien dit la Banque d’Angleterre (cf. B). Elle est gelée dans des « parkings monétaires ». On vient de voir qu’à fin 2014, elle représentait 9,1 trillions €, soit 47,9% environ de l’endettement total de la zone euro. Si l’on ajoute les DAV de 4.9 trillions € à cette épargne on trouve la masse de monnaie secondaire (émise par les banques de dépôt) à la disposition des ANB pour 14 trillions €. On s’aperçoit donc que la dette publique se retrouve pour une bonne part dans les circuits bancaires ; ici pour environ 4,5 trillions €, toutes choses égales par ailleurs.

Dans ces conditions, persister à vouloir réduire l’endettement public comme s’y emploient les autorités monétaires relève du suicide collectif. Les résultats sont là pour le prouver. On ne peut pas réduire l’endettement public sans réduire l’épargne ; les deux sont indissociables. La preuve en a été apportée par le siphonage des comptes de dépôt à Chypre pour rembourser les créanciers de l’Etat.

La Grèce le Portugal, l’Irlande, l’Italie et peut-être nous aussi sommes les prochains, sachant que la garantie des dépôts a été supprimée par une directive passée en catimini, par le biais d’une ordonnance en date du 20 août 2015 de la DRBRD, mise en conformité avec les textes de l’Union Européenne.

Fruit de mes travaux de recherche, il existe une loi macroéconomique qui commande l'allure de marche de toute activité nationale, donc la croissance.

Elle démontre que la sphère de l'activité de production connaît l'expansion ou la récession selon qu'elle est alimentée plus ou moins en monnaie. L’activité nationale fonctionne à peu près comme le moteur d'un engin mécanique. Elle tourne plus ou moins vite selon qu'elle est alimentée plus ou moins en carburant, c'est-à-dire en monnaie.

Ce n’est pas la monnaie dite en circulation qui fait tourner la machine. C’est l’utilisation que font chaque mois les agents économiques non bancaires (ANB) de la monnaie dont ils disposent (revenus et emprunts).

La conjoncture n’est rien d’autre qu’une économie libérale livrée à l’influence désordonnée, parce que non régulée, des facteurs endogènes opposés que sont l’épargne et le crédit. L'épargne dans le rôle du frein et le crédit dans celui de l'accélérateur. Etant précisé de plus, qu’une balance extérieure déficitaire amplifie l’effet de frein, tandis qu’au contraire si elle est bénéficiaire elle amplifie l’effet d’accélérateur.

Cet aspect macroéconomique et les effets de frein de l'épargne échappent totalement aux théories actuelles.

En l'absence de pilote, le financement de l'économie n'étant ni organisé ni dirigé, celle-ci est livrée aux aléas de la conjoncture, c'est-à-dire à l'anarchie des marchés, et les efforts faits par les gouvernants pour la maîtriser sont vains car le plus souvent contre-indiqués, en raison même des concepts monétaires totalement faux dont ils sont imprégnés.

 

F - La nouvelle place de l’Etat dans l’économie (propositions)

Si l’on veut « diriger », au vrai sens du terme, l’économie d’un pays et la mettre à l’abri des désordres conjoncturels, il n’existe qu’une solution pour y parvenir : la régulation monétaire de l’activité nationale que seul l’Etat est en mesure d’exercer.

Le budget de l'Etat est un budget de trésorerie, mêlant indistinctement dans les recettes, celles qui concernent les taxes et impôts, les revenus de ses participations dans les entreprises publiques, les cessions de biens et les emprunts, et dans les dépenses celles qui concernent les dépenses de fonctionnement, les aides diverses et variées, les investissements, les intérêts des emprunts et les emprunts eux-mêmes.

Ce qui a comme première et absurde conséquence d'obliger l'Etat à emprunter pour accroître son patrimoine et à le revendre pour rembourser sa dette si la pression fiscale devient insupportable !

Et nous savons tous de quoi nous parlons à ce sujet.

Sans parler des intérêts qu'il doit mettre à la charge de la population active en Europe pour que ses comptes soient équilibrés, puisque le traité de Maastricht en a décidé ainsi ! La deuxième conséquence tout aussi absurde qu'implacable est la cavalerie - ou roulement, terme plus lénifiant - des emprunts d'Etats.

C'est ainsi que la Grèce doit vendre son patrimoine pour rembourser ses dettes.

Les besoins financiers d'un pays doivent être divisés grosso modo en 3 groupes :

                1 - les dépenses publiques de fonctionnement,

                2 - les dépenses d'investissement, net d’amortissement

                3 - les besoins monétaire de la régulation économique nationale.

Les premiers doivent être couverts par les impôts et taxes ; quant aux deux autres, ils doivent être couverts par de la monnaie dite permanente, c'est-à-dire par de la monnaie émise par la Banque centrale et mise à la disposition du gouvernement sans intérêt ni échéance de remboursement sur décision du Parlement.

Ainsi, la création de monnaie permanente à destination exclusive de l'Etat, rendue possible en Europe par la dénonciation des accords de Maastricht, met fin à l'intervention des marchés financiers et des agences de notation sur une dette souveraine qui ne court plus aucun risque de défaut de paiement. Et pour cause, il n'y a plus de dette souveraine sur les marchés !

Et que l'on ne vienne pas nous parler d'inflation, et d'abord de laquelle ? Il y a bien longtemps que l'inflation monétaire n’a plus d'effet sur les prix dès lors que l'offre s'ajuste rapidement à la demande, ce qui est le cas dans nos pays développés. Les hausses de prix s'expliquent essentiellement par le comportement des agents qui ont le pouvoir d'agir sur les prix afin d'améliorer leur pouvoir d'achat. Ceci étant suffisant pour expliquer cela.

Ainsi, la Banque centrale fournirait exclusivement les besoins de l'Etat tandis que les banques privées fourniraient exclusivement ceux des agents non bancaires, y compris donc ceux des sociétés de crédit comme elles le font déjà.

En conséquence, les agences de notation borneraient leurs notations aux entreprises privées et semi-publiques, ce qui n'aurait jamais dû être autrement.

La remise en vigueur de la monnaie permanente qui chasse la monnaie d'endettement (excès de crédits sur l'épargne) est bien l'alpha d'une remise en ordre financière publique pour le bien général.

Tous les pays, zone euro ou non, doivent reprendre sans plus tarder le contrôle de leur Banque centrale, celle-ci ayant abusé de son indépendance pour préserver les intérêts de la corporation bancaire au détriment de ceux du peuple souverain.

Suivons donc l’exemple de la Fed qui a perdu son indépendance le 6 janvier 2011, quand elle s’est mise sous la protection du Trésor, en état de quasi-faillite.

La gouvernance d'un pays ne doit plus être essentiellement affaire de fiscalité, mais de finance et de monnaie.

 

Jean Bayard

Corrigé le 27 novembre 2015

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