Le banquier et l’argent

 

Oyez, braves gens, oyez …

 

Où sont les espèces sonnantes et trébuchantes d’antan, passées ?

Autrefois, il y a de cela bien longtemps, le banquier prêtait l’argent qu’il possédait ou celui que lui confiaient ses clients contre intérêt. Les espèces d’alors, en or en argent ou autre métal, sonnaient et trébuchaient car elles pouvaient se toucher des doigts et donner à leur possesseur le plaisir du contact.

Avec le progrès, les lessiveuses ont cédé la place à des machines à laver, et plus personne ne s’avise à cacher ses économies sous le matelas, alors qu’elles sont en sécurité à la banque. Le banquier s’est arrangé lentement mais sûrement pour réduire l’usage des espèces, de gestion coûteuse, pour les remplacer par la monnaie d’écriture d’un maniement plus facile et d’un coût réduit.

Cette monnaie a la propriété d’exister par l’écriture, aussi est-elle entourée de mystère, un peu comme le sont les saintes écritures ! Cette monnaie est immatérielle.

Savez-vous, braves gens, comment aujourd’hui le banquier vous prête de l’argent, de l’argent qu’il ne possède pas ! Car, comme tout un chacun, vous pensez qu’il prête l’argent que lui confient ses clients. Eh bien, vous vous trompez. Avec la monnaie d’écriture, il n’a pas besoin de monnaie, puisqu’il la crée.

Il prend son grand livre d’écritures et y inscrit la monnaie qu’il vous prête. Ce n’est pas plus difficile que ça !

Si vous travaillez à la banque, comment croyez-vous que le banquier vous paye votre salaire ? Toujours de la même façon, il prend son grand livre d’écritures et constate qu’il vous doit le montant de votre salaire. C’est simple comme bonjour !

Mais alors direz-vous, comment fait-il pour payer notre créancier quand il en reçoit l’ordre par un chèque ou virement?

Si votre créancier possède un compte à la même banque, le banquier passe une écriture d’un compte à l’autre, c’est tout. S’il possède un compte dans une autre banque, nos deux banquiers se mettent d’accord pour passer chacun de son côté une écriture. Et ainsi de suite, dans la profession tout le monde s’arrange selon des règles qui ont été fixées par le gouverneur de tous les banquiers.

Pour comble, les banquiers croient (c’est la version officielle du gouverneur) comme tout le monde que l’argent qu’ils nous prêtent est celui que nous avons épargné. Alors que c’est celui qu’ils ont créé qui va à l’épargne.

 

Retour à la page d'accueil

 

Copyright © Tous droits de reproduction réservés